Sciences humaines et Sociales
MOBILITÉS ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Publié le 18 juin 2025 – Mis à jour le 18 juin 2025
Dans le cadre d’un ouvrage collectif précédé un colloque des 19 et 20 juin 2025, une pluralité de contributeurs tentent de mieux cerner la manière dont le réchauffement climatique influence nos conceptions des mobilités, et à travers elles nos représentations de l’homme dans son rapport au monde qui l’environne, sur les terrains juridique, politique, économique, philosophique, psycho-social, etc.
En effet, face au réchauffement climatique, le droit peine encore à appréhender, sur le temps long, la nécessaire prise en compte des effets attendus. Ces limites juridiques s’expliquent en grande partie par le fait que cette question est souvent appréhendée à travers le prisme des politiques publiques et des changements comportementaux des acteurs. Reste que le droit est de plus en plus mobilisé pour donner à ces politiques publiques une dimension volontariste, voire coercitive, qui interroge les standards sur lesquels de nombreuses constructions juridiques, économiques ou psychologiques prennent appui pour nous inviter ou nous contraindre à changer de monde.
L’une des thématiques les plus marquées par ce changement de paradigme est sans aucun doute celle de la mobilité. Le développement des territoires et l’émancipation de leurs populations sont en effet systématiquement associés au mouvement, aux échanges, ou encore aux partages qui impliquent inévitablement des déplacements. L’émancipation du citoyen passe ainsi par sa liberté d’aller et venir, et donc de se déplacer. De la même manière, le développement économique d’un territoire passe par son désenclavement, à travers la mise en place d’infrastructures efficaces de transports, supports des mobilités humaines et des échanges commerciaux. Les transports, ou les mobilités, sont ainsi une composante structurante de notre psyché.
Ces mobilités émancipatrices sont néanmoins remises en cause par le réchauffement climatique. Le GIEC dresse un constat sévère de la contribution des transports à ce phénomène1. L’humanité émet en effet 56 GtCO2e par an dont environ 15% (soit 8,7 GtCO2e) liés aux émissions directes du secteur des transports, ces chiffres ne tenant pas compte des émissions indirectes liées à la production des différents vecteurs énergétiques utilisés pour le transport. Cette portion non négligeable des émissions imputables aux transports conduit à mettre en place des mesures conduisant à en modifier les modalités, en produisant des moyens de transport moins polluants, mais aussi à en limiter l’usage à travers des restrictions juridiques ou économiques (augmentation des prix du carburant par exemple). En outre, le réchauffement climatique a aussi un impact sur l’organisation des transports à travers la fragilisation des infrastructures. La chaleur dégrade les réseaux ferrés, provoque des ruptures de câbles électriques, abîme les réseaux routiers ou les infrastructures aéroportuaires, augmentant leurs coûts d’entretien et posant des questions majeures de sécurité. Enfin, le réchauffement climatique est aussi à l’origine de mobilités contraintes pour les populations qui ne peuvent plus vivre sur territoire trop exposé aux aléas climatiques dévastateurs tels que la montée des eaux, les sécheresses pérennes ou encore les canicules dévastatrices.
François CAFARELLI – CMH
En effet, face au réchauffement climatique, le droit peine encore à appréhender, sur le temps long, la nécessaire prise en compte des effets attendus. Ces limites juridiques s’expliquent en grande partie par le fait que cette question est souvent appréhendée à travers le prisme des politiques publiques et des changements comportementaux des acteurs. Reste que le droit est de plus en plus mobilisé pour donner à ces politiques publiques une dimension volontariste, voire coercitive, qui interroge les standards sur lesquels de nombreuses constructions juridiques, économiques ou psychologiques prennent appui pour nous inviter ou nous contraindre à changer de monde.
L’une des thématiques les plus marquées par ce changement de paradigme est sans aucun doute celle de la mobilité. Le développement des territoires et l’émancipation de leurs populations sont en effet systématiquement associés au mouvement, aux échanges, ou encore aux partages qui impliquent inévitablement des déplacements. L’émancipation du citoyen passe ainsi par sa liberté d’aller et venir, et donc de se déplacer. De la même manière, le développement économique d’un territoire passe par son désenclavement, à travers la mise en place d’infrastructures efficaces de transports, supports des mobilités humaines et des échanges commerciaux. Les transports, ou les mobilités, sont ainsi une composante structurante de notre psyché.
Ces mobilités émancipatrices sont néanmoins remises en cause par le réchauffement climatique. Le GIEC dresse un constat sévère de la contribution des transports à ce phénomène1. L’humanité émet en effet 56 GtCO2e par an dont environ 15% (soit 8,7 GtCO2e) liés aux émissions directes du secteur des transports, ces chiffres ne tenant pas compte des émissions indirectes liées à la production des différents vecteurs énergétiques utilisés pour le transport. Cette portion non négligeable des émissions imputables aux transports conduit à mettre en place des mesures conduisant à en modifier les modalités, en produisant des moyens de transport moins polluants, mais aussi à en limiter l’usage à travers des restrictions juridiques ou économiques (augmentation des prix du carburant par exemple). En outre, le réchauffement climatique a aussi un impact sur l’organisation des transports à travers la fragilisation des infrastructures. La chaleur dégrade les réseaux ferrés, provoque des ruptures de câbles électriques, abîme les réseaux routiers ou les infrastructures aéroportuaires, augmentant leurs coûts d’entretien et posant des questions majeures de sécurité. Enfin, le réchauffement climatique est aussi à l’origine de mobilités contraintes pour les populations qui ne peuvent plus vivre sur territoire trop exposé aux aléas climatiques dévastateurs tels que la montée des eaux, les sécheresses pérennes ou encore les canicules dévastatrices.
François CAFARELLI – CMH