Publié le 31 mars 2025 Mis à jour le 25 juin 2025
Baptiste Haour
Baptiste Haour



Baptiste Haour
Rattachements, encadrants: UMR Ressources - Stéphane Bonzani ; Laboratoire Philosophies et Rationalités (Phier) - Vincent Gérard
 









Peux-tu revenir sur ton parcours académique qui t’a mené jusqu’au Pôle ?


Je suis architecte de formation, diplômé en 2018 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, dans le Master Ædification, Grands Territoires, Villes. En 2019, je commence une thèse de doctorat à l’Université de Rome La Sapienza, au département Planification, Design et Technologie de l’Architecture. Cette thèse est dirigée par le professeur Fabrizio Tucci et sera, à partir de 2022, co-dirigée par la professeure Aysegül Cankat, au laboratoire Architecture Environnement et Cultures Constructives, à l’École d’Architecture de Grenoble.


 

Quel était le sujet de ta thèse et quelle en était la problématique centrale ?


La thèse s’est intéressée à des lieux particuliers comme le jardin de pluie dans une cour, le verger dans le parc, l’atelier de réparation itinérant dans la rue, ou encore le potager sur le toit, à ces espaces ouverts du milieu urbain, que nous avons nommés les lieux de subsistance de proximité. Il s’agissait de montrer dans quelles mesures ces lieux, par les qualités qu’ils contiennent et engendrent, peuvent être des leviers d’actions et de réflexions pour la crise socio-écologique en cours. Grâce à un travail d’interprétation des qualités in situ de ces lieux spécifiques, et par un processus d’abstraction permis par le dessin, la thèse a finalement formulé des outils de lecture et de conception. Ces outils sont des moyens pour voir et pour transformer les espaces ouverts en milieu urbain, en incluant de manière privilégiée la question de la vivabilité à différentes échelles, de son maintien et de sa construction.


 

Comment en es-tu arrivé à t’intéresser aux Sciences de la durabilité ? Et en quoi cette approche te semble pertinente pour mener à bien ton projet postdoctoral ?


C’est d’abord le concept de durabilité qui m’a intéressé pour la thèse, lorsque j’ai voulu replacer les lieux de subsistance de proximité par rapport à la crise socio-écologique.


Je précise par ailleurs que je préfère, comme d’autres, à la durabilité, le terme de soutenabilité. Puisque si l’objectif du concept de durabilité est celui du maintien du caractère vivable de la Terre, l’éphémère, par exemple, peut faire partie des stratégies. Dans ce sens, c’est plus l’idée de soutenable pour la biosphère qui guide les réflexions et les critères d’appréciation.


Plus précisément, c’est l’approche systémique de la soutenabilité (ou le paradigme régénératif) qui m’a permis de me positionner comme architecte-chercheur, en situant les connaissances produites dans l’objectif de respect des limites planétaires et de l’ensemble des formes de vies terrestres.


Pour le projet postdoctoral qui vise à comprendre la construction du rapport au vivant et à la biosphère des habitants et l’influence des spatialités des trames écologiques de proximité dans la construction de ce rapport, l’approche de la science de la durabilité fait écho avec la démarche du projet. Tout d’abord sur l’aspect interdisciplinaire, en mobilisant certaines éthiques environnementales pour caractériser le rapport des humains à la nature et, le dessin, l’outil de l’architecte, pour retranscrire des récits de parcours d’habitants des trames écologiques. Puis, sur la méthode employée, en faisant participer activement l’habitant lors du dessin de son parcours, et de cette manière, en expérimentant une forme de co-production de connaissances renouvelées. Et pour terminer, sur la finalité du projet qui envisage la fabrication d’outils de lecture et de conception utiles pour les concepteurs-praticiens du milieu urbain.